Friday, March 29, 2024
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L’industrie culturelle pour diversifier l’économie du Tchad

Les économies africaines sont trop dépendantes des cours des produits de base et les économies ne sont pas assez diversifiées. Le constat n’est pas nouveau, mais la Banque africaine de développement (BAD) le répète constamment. Un message qui commence à passer. Ainsi le Tchad qui sort à peine d’une grave crise des cours du pétrole tente de diversifier son économie. A cet égard, le pays mise sur son nouveau ministre de la Culture, le cinéaste Mahamat Saleh Haroun, et le développement d’une industrie culturelle.

Comment éviter la répétition de phases successives de croissance et de récession en Afrique ? La BAD recommande aux pays du continent de procéder d’urgence à la diversification et à la transformation structurelle de leurs économies. Le Tchad par exemple, qui tire l’essentiel des recettes budgétaires du pétrole, sort difficilement d’une crise économique provoquée par la chute du prix de l’or noir. Le gouvernement prône la diversification en voulant élargir l’assiette fiscale et promouvoir les investissements dans le secteur agro-pastoral. Mais il met peu l’accent sur le secteur culturel.

La présence au gouvernement de l’écrivain et cinéaste Mahamat Saleh Haroun, ministre du Développement touristique, de la Culture et de l’Artisanat depuis février 2017, pourrait changer la donne.

« Vu la crise que nous traversons actuellement, je n’ai pas beaucoup de moyens, mais en l’espace de quelques mois, ce dont je suis fier, c’est que nous allons mettre en place le mois du livre et de la lecture. Ce sera, au mois de novembre, une manifestation permanente. Tout ça est parti du fait que la bibliothèque nationale au Tchad n’a pas un seul ouvrage et beaucoup de familles ne connaissent même pas ce qu’est une bibliothèque. »

Autre projet de Mahamat Saleh Haroun : susciter un intérêt pour les métiers du cinéma

« Développer cette école de cinéma à laquelle je tiens beaucoup. Pouvoir former des jeunes, leur donner la possibilité de maîtriser l’art de se raconter par les images, parce que je pense que la guerre qui nous est faite aujourd’hui sur le plan mondial, elle est aussi une guerre d’images ; c’est comment vous vous projetez dans le monde. Maîtriser sa propre image, c’est important, parce que si non, on est caricaturé. »

Selon l’économiste et sociologue Martial Zé Belinga, l’Afrique, à l’instar du Tchad, néglige le potentiel de ses savoirs endogènes dans les métiers culturels. « Les vêtements que les gens portent, la réalisation de textiles traditionnels, il y a des savoirs faire même dans la fabrication des instruments de musique, même dans la musique, le chant. Il y a un potentiel énorme, que le Tchad pourrait effectivement mettre à profit dans une stratégie cohérente et crédible. Aujourd’hui, tous les pays émergents, quasiment, ont un plan stratégique sur les industries culturelles. Nous pourrions nous en inspirer, parce que nous avons la matière première, ce sont nos savoirs. On n’a pas besoin de creuser dans le sous-sol avec des firmes multinationales, qui creusent et qui déclarent ce qu’elles ont envie de déclarer. Donc, on s’est trompé pendant longtemps. Les matières premières ont beaucoup contribué, de mon point de vue, à chasser les matières culturelles, surtout en Afrique Centrale. »

La diversification de l’économie africaine va-t-elle réussir cette fois ? Invoquée à chaque ralentissement économique, elle semble jusqu’ici n’être qu’un simple discours de sortie de crise.

rfi

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