Friday, April 26, 2024
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Enquête sur le phénomène PUR, la révélation politique de l’année

Classé quatrième aux dernières législatives, le Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) veut s’imposer comme la principale force de l’opposition. Et plus, si affinités. De sa naissance à son entrée en fanfare à l’Assemblée nationale, enquête sur la formation qui a bousculé l’ordre établi sur le champ politique sénégalais.

Lundi 7 août 2017, jour de veine. Le Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) donne sa première conférence de presse après la publication des résultats des législatives. Plus de 150 000 voix récoltées. Du Pur bonheur. Moment important. Symbolique. Le professeur El Hadji Issa Sall, tête de liste et coordonnateur du parti, s’adresse à la presse dans une salle comble. Les journalistes sont venus en masse pour voir le nouveau trublion politique.

D’emblée, l’orateur prévient que leur quatrième place au classement des législatives, derrière Benno, Wattù et Mànkoo- de vastes coalitions- n’est qu’un leurre. Le Pur se positionne comme la première force de l’opposition. Et même la première formation politique du Sénégal. Mais au-delà de l’arithmétique, le parti veut exister à travers la qualité de sa contribution à l’Assemblée nationale. Et c’est bien lancé.

Depuis l’installation de la 13e législature, les trois voix du Pur résonnent en chœur dans l’hémicycle. Pr El Hadji Issa Sall, premier docteur en informatique du Sénégal et directeur de l’Université du Sahel. Oulimatou Guiro, une dame au caractère bien trempé, militante de la cause féminine. Et Babacar Thiam, un homme d’affaires diplômé en lettres. Le premier, fin tribun, reste en première ligne.

“Chef de file de l’opposition”
Le 13 octobre dernier, Issa Sall adresse une correspondance au président de l’Assemblée nationale pour demander l’ouverture d’une procédure pour la suspension des poursuites contre Khalifa Sall. Il invoque l’article 52 du règlement intérieur de l’Assemblée. Une lettre-réponse à la requête du procureur de la République, datée du 28 septembre, qui demandait la levée de l’immunité du maire de Dakar, incarcéré pour détournement de deniers publics présumé.

Alors qu’une partie de l’opposition appelait au boycott des concertations initiées par le ministre de l’Intérieur, le Pur se démarque. Acceptant, sans aucune condition de se mettre à la table du pouvoir. Pour dialoguer, dans l’intérêt du peuple. Car à terme, l’ambition du parti est de diriger, tout simplement, le pays.

La bande à El Hadji Issa Sall se glorifie de ne devoir rien à personne. Elle soutient être arrivée à se faire une place au soleil sans l’aide de quiconque. Ça fait pousser des ailes. “Plus question d’élire des rois sans être roi, lance Makhary Ndoye, chargé de communication du parti. Le Pur est devenu, par son score important, la première formation du pays. Nous avons eu plus de 150 000 voix. Quel est le parti qui a eu ce résultat ? Nous réclamons d’office le statut de chef de file de l’opposition. Si Khalifa, Idrissa Seck, Malick Gakou, étaient partis seuls ils n’auraient pas eu ce résultat.”

Des débuts chaotiques
Le Pur a fait du chemin. 19 ans, c’est le temps qu’il leur a fallu pour bousculer l’ordre établi sur le champ politique sénégalais. Tout commence en 1998 à Dakar, à l’Université du Sahel, devenue le berceau du Pur. “L’Université a été créée en 1998, la même année que le Pur a été lancé”, confie Makhary Ndoye. En 2000, le parti, dirigé alors par Serigne Moustapha Sy, guide des moustarchidines se lance dans la course présidentielle. Échec. Rideau.

Le parti entre en hibernation. Se fait phagocyter par le mouvement moustarchidines, le temps de se refaire une santé politique. Et se lance dans une stratégie de massification qui portera ses fruits quelques années plus tard. “Nous faisions un maillage national de la base pour consolider les acquis. Pendant que les partis occupaient les médias, nous occupions le terrain”, jubile un responsable rencontré dans les couloirs de l’Université du Sahel.

Malgré les difficultés, les sous qui manquent, les membres du Pur restent fidèles au parti. Aucune défection notable. On se serre les coudes. Vente de tee-shirts, de cartes de membres, cotisations mensuelles… : la campagne de levée de fonds est lancée. Avec succès. L’argent récolté permet au Pur de bouder les financements extérieurs et ainsi préserver son indépendance. Serigne Moustapha Sy est aux petits soins aussi, mais il finit par quitter le navire sur recommandation de son défunt père, Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum.

Le Pur commence à renaître politiquement. Les jeunes adhèrent à ses idéaux. À l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), il compte de nombreux soutiens. C’est à cette époque que le mouvement des élèves et étudiants du Pur voit le jour. Pour le professeur de sciences politiques de l’Université de Gaston Berger Moussa Diaw, le succès du Pur ne tient qu’à une seule chose : la sincérité de son discours.

Il décrypte : “Ce parti créé en 1998, mis en hibernation jusqu’aux législatives, vient de réaliser une percée remarquable dans l’espace politique sénégalais par sa capacité de mobilisation, surtout des jeunes, l’usage d’un nouveau discours politique, qui rompt avec les incantations répétitives et vides qui inondent le paysage et les supports communicationnels, et la politique spectacle.”

La recette du succès
Le chargé de communication du Pur acquiesce : “Nous avons tenu un discours de vérité. À côté des grandes affiches, nous avons axé notre communication sur un discours de vérité. Nous n’étions pas dans une présidentielle. Nous n’avons pas fait de grandes promesses mais ce qu’on a promis, c’est d’être les voix, les mains, les pieds des Sénégalais. Et c’est ce discours qui a séduit.”

Le professeur Diaw souligne que le Pur parle à “ceux qui attendent une innovation dans les pratiques politiques, un renouvellement de l’offre politique fondé sur des valeurs morales, des principes et des vertus dans la gouvernance politiques et économiques sans verser dans des promesses de campagnes, en réalité, intenables”.

Mais pour d’aucuns, l’ancrage du parti dans le mouvement des moustarchidines a beaucoup contribué à sa massification. “Il est vrai que le guide moral est Serigne Moustapha Sy, et ses recommandations peuvent constituer un canevas pour asseoir une idéologie qui renforce les bases du parti et ses orientations”, délimite Moussa Diaw. Les responsables du Pur écartent toute coloration religieuse ou confrérique. Ils assurent que leur formation compte des Sénégalais de tous bords : musulmans, chrétiens, mourides…

“Parmi nos investis, nous comptons des chrétiens, des mourides, des layènes, énumère un responsable du parti. Il n’y pas que les moustarchidines. Nous acceptons que la confrérie tidjane soit le substrat, mais pas le fondement du parti. Le Pur n’est pas un parti religieux, mais un projet politique. Nous avons la bénédiction de tous les marabouts, pas seulement de Tivaouane.”

Objectif clamé : se positionner en chien de garde à l’Assemblée national. En attendant 2019.

Seneweb

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