Friday, March 29, 2024
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Elections en RDC: un si étrange Noël à Kinshasa

La République démocratique du Congo célèbre de très curieuses fêtes de Noël, mini-trêve dans son interminable crise politique, avec tous les esprits tournés vers les élections prévues dimanche prochain après un troisième report.

Il en a parlé! Le nouvel archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, a comme prévu perpétué la tradition de l’Eglise catholique au Congo en glissant des messages très politiques dans sa messe de Noël.

“La vraie paix est une paix qui exige que les élections aient lieu à la date fixée du 30 décembre 2018. Ne pas tenir cette promesse, ce serait travailler à l’anéantissement de la paix”, a déclaré l’archevêque devant des centaines de fidèles qui l’ont applaudi à tout rompre dans la cathédrale de Kinshasa.

La commission électorale a reporté in extremis du 23 au 30 décembre les élections générales qui doivent désigner le successeur du président Joseph Kabila.

C’est le troisième report depuis la fin du deuxième et dernier mandat du président Kabila en décembre 2016.

“La paix, la vraie paix qui vient de Jésus-Christ, pour notre pays aujourd’hui, c’est aussi que les résultats puissent être publiés, puissent réellement refléter la volonté du peuple”, a ajouté Mgr Ambongo suscitant des applaudissements encore plus fort parmi les fidèles.

Mgr Fridolin Ambongo vient de remplacer à l’archevêché de Kinshasa le charismatique cardinal Laurent Monsengwo, une voix souvent critique envers le pouvoir à Kinshasa.

La conférence épiscopale (Cenco) a prévu de déployer 40.000 observateurs si les élections ont lieu dimanche.

Au grand marché de Kinshasa lundi, l’affluence était habituelle à l’heure des derniers achats lundi vers midi, tous comme les jérémiades des petits commerçants, qui se battent pour quelques dollars par jour.

“Sur toutes les années celle-ci, c’est vraiment la pire”, se plaint Tshik Kisilika, vendeur de Pères Noël gonflables.

– “Il n’y a pas d’argent” –

“Comment voulez vous que les clients trouvent de l’argent aujourd’hui, il n’y a pas d’argent on ne vend rien”, soupire Julie, une bouchère, laissant entendre que l’argent a été englouti dans l’organisation des élections.

Le report des élections, la fin de la campagne électorale sifflée vendredi par la commission électorale et la trève des confiseurs ont plongé le plus grand pays d’Afrique sub-saharienne dans un calme étrange.

Les deux principaux candidats de l’opposition, Martin Fayulu et Félix Tshisekedi, se gardent de toute expression publique, soucieux affirment-ils de ne pas céder aux provocations.

Ils ont prévenu qu’un nouveau report au-delà du 30 décembre constituerait une “ligne rouge” à ne pas dépasser.

En apparence, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) continue de préparer les élections dimanche à marche forcée.

Fidèle à sa litanie de chiffres quotidienne, la Céni a annoncé samedi qu’elle avait accrédité au total “700.000 témoins,270.000 observateurs nationaux et internationaux, 1.575 journalistes dont 84 internationaux”.

– Machines à voter –

La Céni est au centre d’un nouvel épisode dans l’interminable polémique sur les “machines à voter”: cet écran tactile n’est-il qu’un simple outil pour imprimer les bulletins avant le comptage manuel, comme elle le prétend, ou aussi le support d’un vote électronique?

Dans un entretien à la chaîne TV5 Monde, le rapporteur-adjoint de la Céni a vendu la mêche en affirmant que les machines pouvaient servir à une transmission électronique des résultats, avant de se raviser.

Sur le front diplomatique, un sommet est annoncé mercredi à Brazzaville en présence des chefs d’Etat de deux entités sous-régionales, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).

Tenu à l’écart par Kinshasa, le reste de la communauté internationale a continué de publier des communiqués d’une grande prudence face à ce nouveau report.

“Les membres du Conseil de sécurité (des Nations unies) expriment leur espoir que ce report permettra la création des conditions favorables pour les Congolais afin qu’ils s’expriment librement le 30 décembre 2018”, ont-ils écrit dans un communiqué.

Les Nations unies, l’Union africaine, l’Union européenne, les Etats-Unis, le Canada, la Suisse, le Japon et la Corée du Sud ont répété la même chose dans un communiqué conjoint.

Ils ont appelé “tous les acteurs à s’engager pour le succès d’un processus électoral crédible et apaisé qui mènera la RDC à un transfert du pouvoir en conformité avec la Constitution congolaise et l’accord du 31 décembre 2016”.

Afp

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